16 mars 2021 – Interview accordé à Rendez-Vous Australie, Alexandra Monneret
Sébastien Vallérie est l’un des cinq conseillers des Français de l’Étranger en Australie. Très actif au sein de la communauté française locale, le quadragénaire franco-australien a été élu en mai 2014 pour représenter les citoyens français de la 11e circonscription auprès du Gouvernement français. Le Normand est consulté sur de nombreuses questions économiques, sociales, culturelles, éducatives et associatives qui concernent les ressortissants français résidant en Australie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et aux Fidji. Élu de proximité, Sébastien Vallérie conseille, oriente et guide ses compatriotes qui le sollicitent. Fort de sa connaissance du terrain et de son réseau, il est devenu un soutien incontournable du tissu associatif français local. À l’approche des nouvelles élections en mai prochain, Rendez-Vous Australie l’a rencontré à Brisbane.
RDV Australie : Quand êtes-vous arrivé en Australie, et dans quel contexte ?
Sébastien Vallérie : Je connaissais le pays pour y avoir effectué un échange universitaire de six mois en 2000. J’étais alors étudiant à la NEOMA Business School, sur le campus de Reims. Et j’ai pu étudier un semestre à la University of Technology Sydney. C’était juste avant les Jeux olympiques d’été, et j’en ai toujours gardé un souvenir formidable.
Puis après avoir débuté nos carrières respectives à Paris dans le conseil et l’audit, ma femme Caroline et moi avons décidé de venir nous installer à Sydney. Nous avions réussi à nous faire embaucher en contrat local avant notre départ. Et nous sommes arrivés en famille, avec notre fille aînée Mathilde, en 2008.
Comment êtes-vous devenu conseiller des Français de l’Étranger ?
Sébastien Vallérie : Professionnellement, j’ai toujours travaillé dans un environnement international ou purement australien, tout en y assumant fièrement, mais jamais avec arrogance, mes racines et formation françaises.
Personnellement, j’ai assez rapidement, après avoir pris mes marques Down Under, ressenti l’envie de m’investir dans la communauté française, ici, en Australie.
Naturellement, je me suis rapproché des institutions telles que la chambre de commerce franco-australienne (FACCI), les Alliances Françaises, des associations comme l’Union des Français de l’Étranger et de nombreux groupes polymorphes et dynamiques à l’image de notre communauté comme les French Business School Alumni in Australia (FBSAA). J’y ai rencontré – et continue d’ailleurs – beaucoup de monde.
Puis en 2014, l’Assemblée des Français de l’Étranger, qui est l’assemblée des Français établis hors de France, a été profondément réformée. On a assisté à la création de nouveaux rôles : les conseillers consulaires (récemment rebaptisés conseillers des Français de l’Étranger).
C’était tout nouveau. Les missions de ces élus s’alignaient avec mes valeurs. Entraide, solidarité, proximité. Et fort de mon expérience au sein de la communauté française en Australie, j’ai monté une liste (Français en Australie) avec onze colistiers, dont Bernard Le Boursicot et Danièle Kemp. Nous avons été élus au suffrage universel direct pour un mandat de six ans la même année.

Justement, vous avez été élu. Seuls les résidents permanents peuvent-ils voter pour vous ?
Sébastien Vallérie : Non, pas du tout. Nous sommes des élus au service de tous les Français qui résident en Australie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et aux îles Fidji. Cette élection est accessible à tous les citoyens français (en âge de voter bien sûr), qu’ils soient résidents temporaires, permanents ou même ayant une double citoyenneté.
La seule condition est d’être inscrit au registre des Français établis hors de France de notre circonscription. En Australie, il s’agit de la 11e circonscription. Vous pouvez le faire en ligne. Cette formalité administrative a de nombreux avantages, dont celui de pouvoir exercer son droit de vote lors des élections françaises. Elle permet aussi de profiter de tarifs réduits pour certains actes de chancellerie délivrés par les consulats.
Cette élection est-elle bien reconnue dans la communauté française d’Australie ? Se déplace-t-on aux urnes ?
Sébastien Vallérie : Nos rôles d’élus sont relativement récents puisqu’ils ont été créés en 2014. Et il subsiste encore une certaine méconnaissance sur notre fonction au sein de la communauté française d’Australie.
D’ailleurs, afin de clarifier notre mission auprès de nos concitoyens et dissiper l’interprétation erronée que nous travaillons pour le consulat, le titre de conseiller consulaire a été modifié. Dorénavant, nous sommes les conseillers des Français de l’Étranger. Nous défendons les droits et les intérêts des Français établis hors de France. Cela est très varié et ne se limite pas à des tâches consulaires.
Nous avons la chance ici en Australie d’exercer notre mandat main dans la main avec le consulat, mais toujours pour nos concitoyens.
Concernant les électeurs, nous avons enregistré 20 % de participation aux élections de 2014, soit 3600 votants. C’était à la fois beaucoup, mais indéniablement encore bien trop peu. Nous estimons la présence d’au moins 70 000 Français en Australie. Seulement 25 000 d’entre nous sont actuellement inscrits sur le registre.
C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis depuis 2014 l’un des plus fervents partisans du vote par Internet.
Que dites-vous aux Français qui ne viennent pas voter ?
Sébastien Vallérie : Le droit de vote est un privilège auquel je suis fondamentalement attaché. Selon moi, il est essentiel d’exercer son droit pour faire entendre sa voix.
En outre, peu de pays dans le monde offrent à leurs citoyens résidant à l’étranger une reconnaissance et une représentation parlementaire. Les Français, à mon sens, sont très chanceux sur ce point.
En outre, peu de pays dans le monde offrent à leurs citoyens résidant à l’étranger une reconnaissance et une représentation parlementaire. Les Français, à mon sens, sont très chanceux sur ce point. Ce serait dommage de s’en priver.
Sur quels sujets peut-on vous solliciter ?
Sébastien Vallérie : En tant qu’élus de proximité, nous sommes sollicités sur une multitude de questions variées. Récemment, avec la pandémie, j’ai dû conseiller, orienter et guider de nombreux Français qui faisaient face à une détresse morale ou économique. La fermeture des frontières a été une grande source d’inquiétude. J’ai pu apporter des conseils techniques sur des démarches administratives particulières.
Je collabore étroitement avec toutes les représentations françaises du pays qui me sollicitent. Avec l’ambassade, le consulat général et les consulats honoraires bien sûr. Mais aussi avec les écoles, la FACCI, les Alliances Françaises et de très nombreuses associations et groupes d’entraide français d’Australie. Nous avons des équipes remarquables sur lesquelles nous appuyer.
Lorsqu’une situation ne rentre pas dans le cadre de mes compétences d’élu, j’essaye d’orienter mes compatriotes vers les bons interlocuteurs. Cela s’appuie sur un réseau dynamique que j’ai bâti en France et en Australie. Mon rôle est de répondre aux attentes des ressortissants français.
Quelles sont les préoccupations majeures des Français d’Australie ?
Sébastien Vallérie : Durant mon mandat, les préoccupations majeures de mes compatriotes sur lesquelles j’ai travaillé, et continue de travailler, se concentrent sur la fiscalité, l’éducation, le vote électronique, les démarches administratives relatives et affaires consulaires. Je traite aussi des problématiques liées aux retraites. L’obtention d’un certificat annuel d’existence peut être difficile pour certains de nos concitoyens. Notamment en raison de l’exclusion numérique dont ils peuvent souffrir.
Pour le dossier fiscal, le sujet n’est pas nouveau. Nous nous battons pour l’exonération des prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine des Français établis hors de France. Il s’agit de la contribution sociale généralisée (CSG), la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS), le prélèvement social, la contribution additionnelle, le prélèvement de solidarité.

Pour le dossier éducatif, nous veillons à favoriser la création d’écoles françaises et de classes bilingues français/anglais en Australie. Et à en maintenir le nombre ! Accéder à un enseignement en français dans la mesure du possible est une demande constante de nos concitoyens. Nous siégeons également aux conseils d’établissement des écoles françaises, comme le lycée Condorcet à Sydney. Cela nous permet notamment de connaître les besoins et de déterminer les outils nécessaires pour l’apprentissage de notre langue à court, moyen et long terme en Australie.
Quant au vote électronique et aux actes d’état civil et consulaires, nous nous évertuons à les rendre plus accessibles. Inutile de vous rappeler la superficie de l’Australie… Cela peut être compliqué de se rendre aux urnes, de se rendre aux consulats ou encore de s’inscrire aux tournées consulaires.
En favorisant le vote électronique pour les élections consulaires et législatives (ce n’est pas envisageable pour les présidentielles à ce jour puisque ce serait anticonstitutionnel), nous permettons à davantage de nos concitoyens d’exercer leur droit de vote.
Enfin, nous travaillons en faveur d’une dotation permanente à Brisbane d’une valise CONSUELO. Il s’agit du dispositif qui permet l’enregistrement des données personnelles indispensables à l’émission d’un passeport. Cela réduirait considérablement le temps d’attente pour nos administrés, mais aussi de longs et coûteux déplacements.
Qu’est-ce qui caractérise votre approche ?
Sébastien Vallérie : Je suis un homme de terrain, passionné par ce que je fais. J’aime le contact humain ; rencontrer mes compatriotes est essentiel. Je me fais un devoir d’être proche et le plus accessible possible.
C’est la raison pour laquelle je suis très présent sur les réseaux sociaux. La communication y est plus facile et interactive. Comme je vis à Sydney, je me suis également engagé à me déplacer tous les ans dans les capitales de tous les États australiens.
Et je profite aussi de mes déplacements personnels aux quatre coins de l’Australie pour organiser des rencontres avec mes concitoyens. Lorsque je rentre en France, je fais toujours en sorte de rencontrer des parlementaires auprès de qui je plaide les causes des Français d’Australie.
Votre mandature devait prendre fin en 2020 ?
Sébastien Vallérie : C’est exact puisque nous sommes élus pour six ans. Malheureusement, le coronavirus a considérablement perturbé la tenue des élections qui devaient avoir lieu en mai 2020. Il était simplement impossible d’organiser ces élections pour les raisons sanitaires que nous connaissons tous.
Il a été donc décidé par décret l’allongement de nos mandatures pendant un an. Les prochaines élections ont lieu très bientôt. J’invite d’ailleurs tous les Français à s’inscrire au registre des Français établis hors de France avant le 24 avril pour pouvoir y participer.
Elles se dérouleront en deux temps selon la méthode de vote choisie. Il vous sera possible de voter par Internet du 21 au 26 mai prochains. Ou bien de vous rendre à votre bureau de vote le 30 mai.
Vous représentez-vous à nouveau ?
Sébastien Vallérie : Oui, je suis tête de liste. Notre liste, Indépendance, Expérience, Proximité #TeamFrançaisd’Australie, est sans étiquette.
Quel est votre plus beau souvenir à l’approche de votre fin de mandat ?
Sébastien Vallérie : J’ai toujours grand plaisir à partir à la rencontre des Français. Mais parmi les événements les plus marquants de ces sept dernières années, je citerais spontanément ma rencontre en personne avec l’ambassadeur d’Australie en France. Lors de la visite d’État du président de la République, Emmanuel Macron, en Australie en 2018, Brendan Berne avait fait le déplacement. C’est une personnalité très sympathique dont je garde un excellent souvenir.
